Le travail photographique de Nathalie Amand se penche sur les rapports complexes existant entre ce qui est visible et ce qui est voilé. Les locaux de l’ancien hôpital militaire de Tournai, avant d’être abandonnés, ont connu une activité humaine intense. Il ne reste de cela que murs, gravats, poussière. Et des façons particulières et fluctuantes pour la lumière de visiter ces endroits désormais déserts mais hantés par les souvenirs de ce qui s’y est passé.

 

Cette visibilité lumineuse, qui oscille elle-même entre obscurité, pénombre et clarté, Nathalie Amand a voulu qu’elle traduise simultanément la trace pétrifiée de la vie passée et la présence imperceptible qui persiste malgré la désertion des lieux. Elle y parvient en saisissant les mouvements d’un tissu de tulle sous les souffles des courants d’air, sous les agitations d’un corps ou d’une main. Résultat : au beau milieu de l’architecture figée dans son rôle de témoin archéologique, l’apparition floue, incertaine, impalpable d’une vie indéfinie mais discernable.

 

Comme les spirites, mais sans avoir besoin de faire tourner des tables, la photographe matérialise ce qui était escamoté ou refoulé. Comme un psychanalyste aidant à l’exploration du subconscient, elle fait remonter à la perception ce qui était enfoui au creux de la mémoire.

Michel Voiturier